Créé par Pierre Dac et Francis Blanche, le terrible Edmond Furax est l’aventurier par excellence. Penchant tantôt du côté maléfique, tantôt du bord de la Justice, il a vécu, entre 1951 et 1960, des aventures qui ont tenu les auditeurs rivés à leur radio.
Quand j’aurai un peu de temps devant moi, j’essaierai d’aménager pour ce personnage l’espace qu’il mérite. Pour l’heure, je me contenterai de signaler la parution toute récente, aux éditions Omnibus des Presses de la Cité le recueil ci-dessous. Il contient l’intégrale des scripts de la série radiophonique diffusée en 1951-52. L’émission était enregistrée, mais il semble bien que l’INA en ait égaré les bandes. Impossible donc, dans l’avenir prévisible, de savourer une édition en CD, comme cela avait été le cas, quand EPM a publié en coffrets trois saisons de Signé Furax! Mais c’est déjà un progrès immense: jusqu’ici, la seule façon de connaître les événements de cette première aventure d’Edmond Furax était de se procurer les quatre volumes parus aux éditions Martel en 1952, Malheur aux Barbus , Confession de Furax , Mangez de la salade et Les Barbus dans l’espace . Et encore restait-on le bec dans l’eau, le 4e volume laissant l’intrigue en suspens avant sa fin.
Désormais, voilà qui est en partie réparé: dans ce volume dodu, reprenant les textes enluminés de petits dessins figurant les divers effets sonores, on saura tout sur les terribles enlèvements de barbus qui ont défrayé la chronique des années 1950 débutantes, sur la traque fébrile lancée par le commissaire Socrate, aidé par les détectives Black and White et menée à travers toute la Terre, voire beaucoup plus loin, sur les applications les plus effroyables de la barbologie par le Pr Merry Christmas, les plus mystérieuses des sectes hindoues, l’origine du slogan Mangez de la salade! et mille et un autres détails qui valent leur poids de senteur.
Comme je ne suis jamais satisfait, je me suis incontinent demandé si Omnibus , qui a déjà édité plusieurs recueils des œuvres de Pierre Dac, allait poursuivre cette excellente entreprise en publiant de la même façon l’intégrale en scripts des quatre saisons de Signé Furax! (1956-1960)?
Et la réponse est oui ! Du moins partiellement.
Assez discrètement, les deux volumes suivants sont sortis en 2015 et 2016, comblant nos attentes. Le Boudin sacré et La Lumière qui éteint sont parus à ce jour. On attend le magnifique Gruyère qui tue, qui se fait prier, c’est indibutable. Néanmoins, c’est déjà un solide morceau à se caler sous la dent.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, voici qu’est paru chez EPM, alors qu’on ne l’attendait plus, après un réjouissant mais plus anecdotique Fabuleux méfaits de Furax, reprenant les double 45T originaux parus en leur temps, le coffret de la dernière saison de la série, Le Fils de Furax. Joyau d’une eau un peu moins pure que les trois précédentes, Dac et Blanche étant quelque peu en retrait pour des raisons bien différentes, cette saison manque des éclairs de génie du duo, mais n’est pas à repousser du pied. Il y a des moments assez saisissants, même si l’ensemble recycle un peu trop les éléments des saisons précédentes.
On espère qu’Omnibus donnera un dernier coup de collier pour nous offrir (enfin, « offrir » façon de parler), les scripts des deux dernières saisons, nous permettant d’avoir un accès intégral à l’ensemble de l’œuvre.